Grande avancée dans la recherche sur les cancers du sein multifocaux
Communiqué de presse (09/07/2015)
Une analyse plus approfondie des lésions pour une meilleure réponse aux traitements
Bruxelles, le jeudi 9 juillet 2015 - En mai dernier, les chercheurs de l’Institut Jules Bordet ont publié, dans le Journal of Pathology, les résultats d’une étude de 4 ans sur les cancers du sein multifocaux. Les conclusions de cette étude remettent en question la manière dont ces cancers multifocaux, qui concernent aujourd’hui un cancer du sein sur quatre, doivent être analysés afin de définir le traitement adéquat.
Un cancer du sein sur quatre est un cancer du sein multifocal, ainsi nommé car il comprend plusieurs lésions invasives dans un même sein, au même moment. Il s’agit d’un type de cancer souvent associé à des caractéristiques plus agressives, qui représente un véritable défi pour les pathologistes et les cliniciens.
Actuellement, pour définir le meilleur traitement contre ces cancers, le Collège Américain des Pathologistes recommande de ne caractériser les marqueurs hormonaux et HER2 (des marqueurs utilisés en routine afin de déterminer si un traitement hormonal ou anti-HER2 devrait être administré) que sur la plus grande lésion. Et ce, à condition que ces lésions se ressemblent au niveau histologique, sur base de la présomption que les lésions avec une histologie similaire seraient biologiquement similaires. Or, des études récentes ont démontré qu’il existait bien, dans 3 à 16% des cas, une discordance entre les lésions présentes dans le sein d’une même patiente de même histologie pour l’expression des récepteurs hormonaux et l'expression de HER2. C’est pourquoi, à l’Institut Bordet, les anatomopathologistes ne se contentent pas d’examiner ces marqueurs uniquement sur la plus grande lésion.
L’étude des chercheurs de l’Institut Jules Bordet
L’étude que viennent de mener les chercheurs de l’Institut Jules Bordet, en collaboration avec l’hôpital de Meldola en Italie et l’Institut Sanger de Cambridge au Royaume Uni, a été plus loin : elle a mis en évidence qu’en réalité, même si les lésions présentent des caractéristiques pathologiques similaires dont l’expression des récepteurs hormonaux et HER2, elles diffèrent d’un point de vue génomique dans un tiers des cas. De plus, cette étude, incluant 36 patientes présentant un cancer du sein multifocal, a démontré qu’au plus les lésions étaient éloignées les unes des autres dans le sein, au plus il y avait de chance que ces lésions présentent des mutations différentes, donc potentiellement des cibles thérapeutiques différentes.
« Même si ces résultats doivent être confirmés sur un plus grand nombre d’échantillons, ils mettent en doute l’actuelle recommandation du Collège Américain des Pathologistes et suggèrent qu’une analyse plus approfondie de ce type de tumeur pourrait non seulement avoir un bénéfice direct pour la patiente en terme de choix et de réponse aux traitements mais aussi, permettre d’acquérir une meilleure compréhension de l’évolution de la maladie », explique Christine Desmedt, Coordinatrice de recherche au Laboratoire de recherche translationnelle en cancérologie mammaire de l’Institut Jules Bordet.
Concrètement, que cela signifie-t-il pour le patient ?
D’une lésion à l’autre, l’expression des récepteurs hormonaux et HER2 peut être différente et dans ce cas, les traitements nécessaires seront eux aussi différents. C’est pour cela qu’à Bordet, nous caractérisons déjà les marqueurs hormonaux et HER2 dans plusieurs lésions d’un cancer multifocal. Dans le cas où des traitements ciblés non-standards pourraient être administrés, nous recommandons alors de caractériser les cibles thérapeutiques dans les différentes lésions. C’est particulièrement important dans le contexte de cancer du sein métastatique, où la tumeur primaire est fréquemment (ré)analysée en vue de préciser la présence d’une anomalie particulière permettant d’administrer une thérapie ciblant cette anomalie.
Cette étude a été financée par les Amis de l’Institut Bordet, premier donateur privé de l’Institut Jules Bordet et soutien majeur de la recherche contre le cancer à l’Institut, ainsi que par la fondation MEDIC et le Breast Cancer Research Foundation (BCRF).
Pièce jointe : (Photo : © Benoit Deprez - The Image Factory) Photo de Christine Desmedt, Coordinatrice de recherche au Laboratoire de recherche translationnelle en cancérologie mammaire de l’Institut Jules Bordet
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