La radiothérapie externe (EBRT, External Beam Radiotherapy) est une technique non invasive de traitement du cancer de la prostate. Elle utilise des faisceaux de rayons X à haute énergie pour détruire les cellules cancéreuses, tout en épargnant au maximum les tissus sains grâce à des technologies avancées comme la modulation d’intensité (IMRT) ou la radiothérapie guidée par l’image (IGRT).
L’EBRT est une option adaptée aux patients présentant un cancer localisé ou localement avancé de la prostate. Elle est particulièrement indiquée pour les hommes à risque intermédiaire ou élevé, et pour ceux avec des comorbidités limitant une approche chirurgicale.
Le traitement par EBRT nécessite une planification rigoureuse et un suivi précis pour garantir son efficacité et limiter les complications.
Bilan préthérapeutique
Avant le début de la radiothérapie, une IRM prostatique et un scanner de simulation sont réalisés pour définir précisément le volume cible. En plus d’une imagerie quotidienne avant chaque séance, des marqueurs fiduciaires (repères métalliques mis en place dans la prostate) peuvent être utilisés pour assurer un positionnement optimal.
Procédure
Traditionnellement, le traitement était administré en 35 séances réparties sur 7 semaines. Avec les progrès technologiques, des protocoles d’hypofractionnement ou d’hypofractionnement extrême, réduisant le nombre de séances à 20 ou 5, sont désormais courants. L’utilisation d’appareils comme IRM-linac, combinant radiothérapie et IRM en temps réel, permet une précision accrue et ouvre la voie à des traitements encore plus courts.
Hospitalisation
Le traitement est effectué en ambulatoire.
Suivi
Le patient peut continuer ses activités normales lors du traitement. Un suivi régulier est indispensable, incluant des dosages de PSA pour évaluer l’efficacité du traitement, et des examens d’imagerie (IRM, PET au PSMA) peuvent être réalisés si nécessaire.
La radiothérapie externe offre plusieurs bénéfices :
- Traitement non invasif : Aucune intervention chirurgicale n’est nécessaire.
- Efficacité prouvée : Comparable à la chirurgie pour le contrôle local de la maladie.
- Flexibilité des protocoles : Adaptation aux caractéristiques du patient et au stade de la maladie.
- Confort accru : Réduction significative du nombre de séances grâce à l’hypofractionnement.
Bien que généralement bien tolérée, l’EBRT peut entraîner des effets secondaires à court et à long terme.
Effets urinaires et digestifs
Des irritations temporaires de la vessie ou du rectum peuvent provoquer des envies fréquentes d’uriner, des brûlures mictionnelles ou des troubles intestinaux. Ces effets sont généralement transitoires mais dans de rares cas, ils peuvent persister (cystite ou rectite radique)
Fonction sexuelle
Sur le long terme, environ 20 à 50 % des patients peuvent éprouver des troubles de l’érection, selon l’âge, les comorbidités et l’utilisation d’une hormonothérapie associée.
Hormonothérapie associée
Pour les cancers à risque intermédiaire ou élevé, une hormonothérapie (équivalente à une castration chimique) est prescrite en complément de la radiothérapie (pendant 6 à 36 mois). Cette association augmente l’efficacité du traitement mais peut engendrer des effets secondaires comme des bouffées de chaleur, une fatigue, une baisse de la libido ou une diminution de la masse musculaire. Ces impacts nécessitent un suivi adapté avec une récupération liée à la durée d’exposition à l’hormonothérapie.
La radiothérapie stéreotaxique guidé par l’IRM-linac, une révolution
La radiothérapie stéreotaxique (SBRT, Stereotactic Body Radio Therapy) consiste à administrer des doses plus élevées de rayons par séance, permettant de réduire le nombre total de séances tout en maintenant une efficacité équivalente. Cette approche est particulièrement pertinente pour le cancer de la prostate, un organe peu sensible aux fractions conventionnelles. Le développement des appareils IRM-linac, combinant une radiothérapie de haute précision et une imagerie IRM en temps réel, représente une avancée majeure. Ces appareils permettent de visualiser la prostate et ses mouvements (dus à la respiration ou à la fonction urinaire) pendant le traitement, garantissant un ciblage optimal tout en réduisant les marges de sécurité nécessaires
Traditionnellement administrée en 35 séances, la radiothérapie prostatique a déjà vu une réduction significative avec des protocoles d’hypofractionnement standard (20 séances) et extrême (5 séances). Ces avancées reposent sur une meilleure compréhension de la radiobiologie prostatique et sur les innovations technologiques.
Avec l’IRM-linac, cette tendance se renforce : l’imagerie en temps réel minimise les marges, réduisant ainsi l’exposition des tissus sains. Cela ouvre la voie à des traitements encore plus courts, avec des protocoles expérimentaux en seulement 2 séances. Ces formats réduits, en plus de diminuer les contraintes pour les patients, pourraient améliorer l’accès aux soins tout en réduisant les coûts pour les systèmes de santé.