Novembre est le mois de la sensibilisation de la lutte contre les cancers au masculin. A cette occasion, l’Hôpital Universitaire de Bruxelles soutient l’initiative Movember et rappelle l’importance du dépistage des cancers touchant les hommes
Nous ne sommes pas égaux face au cancer. Indépendamment du mode de vie, le risque varie selon notre constitution génétique. Certaines mutations génétiques entraînent un risque plus important. De même, l’existence de cancers familiaux ou d’antécédents personnels de cancer augmentent le risque individuel. Mais pour la grande majorité des personnes avec un risque moyen, la part du risque évitable est de 30-40 %. La prévention comprend deux grands aspects : le style de vie et le dépistage. Les mesures à prendre concernant le style de vie sont résumées dans le Code Européen contre le Cancer : ne pas fumer, boire moins d’alcool, mieux manger, bouger, contrôler son poids. Le dépistage concerne les cancers les plus fréquents. Chez les hommes, il s’agit des cancers de l’intestin, de la prostate, de la peau, du poumon. Le dépistage est de plus en plus personnalisé : avant de proposer des modalités de dépistage, on évalue le risque individuel.
Cancer de la prostate
Le premier cancer de l’homme. Il concerne jusqu’à 1 homme sur dix.
Le dépistage du cancer de la prostate présente des avantages mais aussi des inconvénients. Il permet de trouver les cancers à un stade précoce, seul stade curable mais comporte le risque de sur-traitement (détection de cancers qui n’auraient jamais posé de problème si on ne les avait pas détectés, et qui seront traités inutilement). Chez les hommes sans risque particulier, le dépistage peut être proposé dès 50 ans et consiste avant tout par une mesure du « PSA » dans le sang (protéine spécifique de la prostate) associée à un toucher rectal. En fonction de ce taux et/ou de la vitesse d’évolution du PSA sur deux mesures, une imagerie par résonance magnétique permet à l’urologue d’orienter vers la réalisation d’une éventuelle biopsie en cas d’anomalie. Le risque est augmenté pour certaines mutations génétiques, dans certains cas familiaux, ou chez les hommes d’origine africaine.
Cancer du testicule
Le cancer du testicule se fait plus rare, il concerne près de 400 hommes par an et touche des hommes jeunes, entre 20 et 40 ans. Des antécédents familiaux, de cryptorchidie (testicule non descendu), d’infertilité ou la consommation de cannabis sont des facteurs de risque.
Les progrès dus à une prise en charge multidisciplinaire dans un centre de référence comme l’Institut Jules Bordet permettent de vaincre cette maladie même à un stade avancé dans la plupart des cas.
Cancer colorectal
Le cancer colorectal, 3ème cancer le plus fréquent chez l’homme, concerne 7500 personnes/an dont 4000 hommes
Pour la grande majorité des hommes (risque moyen), on préconise un test de recherche de sang dans les selles tous les deux ans (« Colotest ») à partir de 50 ans, ou une coloscopie tous les 10 ans.
Dans de rares cas, il peut exister un risque génétique (certaines maladies de l’intestin qui sont héréditaires). Le risque est également plus élevé lorsqu’il y a des cancers de l’intestin dans la famille proche, ou chez les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire du colon. Dans ces cas, un dépistage par coloscopie tous les 2 à 5 ans est recommandé, parfois dès 40 ans.
Une alimentation riche en fibres, fruits et légumes, une consommation limitée de viande et d’alcool, une activité physique régulière et un contrôle du poids diminuent le risque de cancer de l’intestin.
Le cancer de la peau
Le cancer de la peau concerne 3660 personnes/an dont 1660 hommes.
Le dépistage de ce cancer n’est pas recommandé chez tout le monde de façon systématique.
Il est utile chez les personnes à peau blanche qui ont un risque plus élevé : cas de cancers de la peau dans la famille proche, peaux claires et sensibles au soleil, personnes fortement exposées (professions de plein air, pays très ensoleillés). A savoir que 90% des mélanomes sont causés par les rayons UV du soleil.
Certaines mutations génétiques (BRCA 2 …) augmentent considérablement le risque.
Le dépistage associe un examen visuel une fois par an, avec éventuellement cartographie et dermatoscopie en cas de lésion suspecte, avec une auto surveillance basée sur les critères ABCDE (Asymétrie, Bord irrégulier, Couleur hétérogène, Diamètre supérieur à 6 mm ou Différent (autre aspect que les autres nævi), Evolution ou Elévation (épaisseur).
Le cancer du poumon
Le cancer du poumon concerne 8900 personnes/an dont 5600 hommes. Il s’agit du 2ème cancer le plus fréquent chez l’homme.
Le dépistage du cancer du poumon est réservé aux personnes de plus de 55 ans qui ont fumé un paquet par jour pendant 30 ans et qui ont arrêté il y a moins de 15 ans (ou qui fument toujours).
Pour ces personnes à risque, il est recommandé de faire un scanner thoracique à faible dose chaque année. Dans ce groupe de personnes, on peut ainsi éviter un quart des décès par cancer pulmonaire.
Source des images : Registre du Cancer 2019